Question posée par Thierry Reiss sur Linkedin:
"J'aimerais qu'on m'explique comment fonctionnent les zones humides, comment elles se forment et quelle est la faune et flore liée à cet ecosystème."
Vaste et passionnant sujet auquel il est difficile de ne consacrer que quelques lignes : -)
Une zone humide est un écosystème qui se caractérise par la présence de l'eau en surface de manière permanente ou saisonnière. Ces écosystèmes incluent une variété d'habitats tels que les marais, les tourbières, les marécages, les mangroves, les étangs, les lacs, les rivières, les mares et même les zones littorales des lacs et des océans.
Les zones humides sont liées à la géologie d'un lieu qui va permettre la résurgence d'une nappe phréatique, l'écoulement par gravité de l'eau ou au contraire sa retenue.
Mais elles sont également le fait de l'action de l'Homme. Ainsi, les mares ont été créées pendant les centaines d'années où l'animal nous a été utile comme force de traction pour nos déplacements (une mare tous les 7 lieues ), pour nos travaux des champs (une mare dans chaque ferme et dans chaque prairie), etc. La majorité des lacs sont des retenues artificielles sur un cours d'eau et ainsi, l'une des plus belles réserves ornithologiques est le plus grand lac artificiel de France, le lac de Der. Les étangs, sont eux, soit creusés, soit le résultat de la construction d'une digue dans un vallon, qui va retenir les eaux de ruissellement. On va également les trouver dans certaines anciennes carrières de matériaux, sables, graviers, pierres.
Leur fonctionnement est généralement saisonnier. Ainsi, une mare sera naturellement sèche en été, de même qu'un marais ne sera inondé qu'en hiver. C'est pourquoi le développement des amphibiens se fait principalement au printemps. Leur fonctionnement est saisonnier et les plantes que l'on va y trouver auront un cycle différent suivant qu'elles sont immergées toute l'année ou seulement quelques semaines. Une zone humide, surtout si elle est sur un sol argileux, peut être extrêmement sèche en juillet-août !
C'est le cas de la majorité des prairies sur le lit majeur des rivières. On pourra y trouver des fleurs tout l'été, même en période de canicule et sur un sol dur comme du béton, car le système racinaire des plantes ira chercher l'eau en profondeur, alors qu'en hiver, elle était en surface.
La flore y est très spécifique et permet d'identifier une zone humide rien qu'à leur présence et ...en absence d'eau. La faune sera liée à cette flore, et du fait de ces spécificités on va y trouver 30% des espèces protégées à un niveau régional ou national, alors que les étangs, par exemple, ne représentent que 3% du territoire national.
Les interactions y sont nombreuses et essentielles pour maintenir/développer la biodiversité. Voici quelques exemples :
Alimentation : Les oiseaux aquatiques se nourrissent de poissons, d'insectes aquatiques et d'autres proies disponibles dans l'eau. Les poissons et les amphibiens se nourrissent d'insectes, de larves et de petits organismes aquatiques. Les insectes aquatiques, tels que les libellules, se nourrissent de larves d'autres insectes et de petits poissons.
Pollinisation : Certaines plantes aquatiques dépendent des insectes pour la pollinisation qui assure la pérennité de la plante.
Cycles de vie :Les zones humides servent de zones de reproduction et d'habitat pour de nombreuses espèces, notamment les amphibiens. Les grenouilles, les salamandres et les crapauds déposent leurs œufs dans l'eau et les larves se développent dans ce milieu avant de devenir des adultes.
Cycle des nutriments : Les plantes aquatiques absorbent les nutriments présents dans l'eau, contribuant ainsi à filtrer l'eau et à la maintenir propre.
Les détritivores, tels que les vers et les petits crustacés, décomposent la matière organique en décomposition, recyclant les nutriments dans l'écosystème.
Interaction avec les plantes de berge : Elles stabilisent les berges, fournissent de l'ombre et offrent un habitat pour de nombreux animaux terrestres. Elles peuvent également contribuer à filtrer les nutriments et les contaminants avant qu'ils n'atteignent l'eau.
Migration : Ce sont des points de halte importants pour les oiseaux migrateurs qui s'y nourrissent, reposent et reproduisent pendant leurs migrations.
Compétition : Les différentes espèces végétales présentes peuvent entrer en compétition pour les ressources, comme la lumière du soleil et les nutriments.
Symbiose : Certaines espèces forment des associations symbiotiques. Par exemple, des bactéries fixatrices d'azote vivent dans les racines de certaines plantes aquatiques, aidant à enrichir le sol en azote.
Elles disparaissent principalement avec l'accroissement des villes (majoritairement construite sur le lit d'une rivière), la construction des zones commerciales et industrielles et le drainage des terres agricoles.
Les zones humides jouent pourtant un rôle majeur dans le cycle de l'eau et celui du carbone. Elles sont essentielles pour la protection contre les inondations et pour la recharge des nappes phréatiques. Du fait du réchauffement climatique, elles font l'objet de mesures de conservation et de protection pour préserver leur biotope et leur biocénose.
Un bien naturel précieux !